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après un certain temps, s’arrêta à quelque distance d’une arcade voûtée.

« Regardez là-bas, dit-il, vous voyez ces fenêtres et cette porte ?

— C’est là qu’habite Tope ?

— C’est pas vrai ! ce n’est pas là. Ceci est la demeure de Jasper.

— En vérité ! » dit M. Datchery.

Et il regarde de nouveau avec un intérêt évident.

« Oui, et je n’en irai pas plus près, c’est moi qui vous le dis.

— Pourquoi ?

— Parce que je n’ai pas envie de me faire enlever de terre, prendre à la gorge, et étrangler par ce bourreau-là. Ah ! ah ! ah ! Une bonne pierre atteindra le derrière de sa belle tête quelque jour ! Maintenant, regardez de l’autre côté de l’arcade, pas du côté où est la porte de Jasper, de l’autre.

— Bon !

— Un peu plus avant il y a une porte basse à laquelle on arrive en descendant deux marches. C’est là qu’habitent les Tope ; leur nom est gravé sur une plaque.

— Bien. Toi, regarde par ici, dit M. Datchery en montrant un shilling, tu me dois la moitié de ceci.

— C’est pas vrai ! Je ne vous dois rien. Je ne vous ai jamais vu.

— Je te dis que tu me dois la moitié de ceci, parce que je n’ai pas six pence dans ma poche. Ainsi donc, la première fois que nous nous rencontrerons, tu feras quelque chose pour moi, afin de me payer.

— Très-bien, donnez, vieux.

— Quel est ton nom et où demeures-tu ?

— Deputy, à l’Auberge des Voyageurs à Deux Sous, de l’autre côté de la pelouse. »

L’enfant s’enfuit à l’instant avec le shilling, dans la crainte que M. Datchery ne se repentît de sa générosité.

Mais il s’arrêta quand il fut à une distance suffisante pour n’avoir plus d’inquiétude, et il se mit à lui exécuter une danse satanique dans le but de faire comprendre à l’étranger que son présent était irrévocable.