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Il gravit un escalier qui craquait sous ses pas et atteignit un petit appartement sous les combles.

Là il tourna le loquet d’une porte…

Il se trouva devant Neville Landless, assis à sa table de travail.

Un air de retraite et de solitude régnait également dans cette pièce, et sur la physionomie de celui qui l’habitait.

Neville paraissait aussi fatigué, aussi usé que l’appartement lui-même.

Les plafonds lambrissés, les serrures rouillées, les grosses poutres sur lesquelles s’amassait la poussière, donnaient à ce logis l’air d’une prison.

Celui qui l’occupait avait bien le visage hagard d’un prisonnier.

Pourtant, le soleil pénétrait dans ce vilain grenier, par la fenêtre qui s’élevait en saillie au milieu du toit, et dans l’étroit chenal noir de suie qu’elle formait sur le lit de tuiles, quelques pauvres moineaux sautillaient péniblement comme des invalides emplumés qui auraient laissé leurs béquilles dans leurs nids.

On entendait aussi tout près de là un bruit de feuilles qui produisait comme une vague, oh ! bien vague, musique champêtre.

Les meubles étaient plus que modestes, mais il y avait une bonne collection de livres ; c’était bien la demeure d’un pauvre étudiant, les livres seulement avaient été choisis, prêtés, ou donnés par M. Crisparkle ; on le vit bien au coup d’œil amical qu’il leur lança furtivement en entrant.

« Comment allez-vous, Neville ?

— J’ai bon courage, M. Crisparkle, et je travaille.

— Je ne voudrais pas voir vos yeux si brillants, dit le Chanoine en laissant aller lentement la main qu’il avait prise dans la sienne.

— Ils brillent à votre vue, répliqua Neville. Quand vous partirez, ils auront bientôt perdu leur éclat.

— Reprenez le dessus, oubliez le passé, fit le Chanoine. Travaillez et vous y arriverez, Neville !

— Si j’étais mourant, je sens qu’un mot de vous me rappellerait à la vie ; si mon pouls s’était arrêté, si vous le