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« Monsieur, dit M. Honeythunder de sa voix terrible, comme un maître d’école intimant un ordre à un écolier dont il est mécontent, asseyez-vous. »

M. Crisparkle s’assit.

M. Honeythunder apposa quelques vingtaines de signatures au bas de ce qui lui restait à signer sur plusieurs milliers d’exemplaires d’une touchante circulaire philanthropique.

Un autre pauvre philanthrope à gages, aussi misérablement vêtu que le premier, les réunissait dans une corbeille qu’il emporta.

« Maintenant, à vous, M. Crisparkle, » dit M. Honeythunder en tournant sa chaise vers le Chanoine.

Il posa carrément ses mains sur ses genoux, et fronça les sourcils comme pour dire : « J’en aurai bientôt fini avec celui-ci.

— Monsieur Crisparkle, ajouta-t-il, nous n’avons pas la même manière de voir tous les deux sur la sainteté de la vie humaine.

— Le croyez-vous ? dit le Chanoine.

— Je le crois, monsieur.

— Puis-je vous demander quelle est, sur ce sujet, votre manière de voir… à vous ?

— Je pense que la vie humaine est une chose qui doit être tenue pour sacrée, monsieur.

— Puis-je vous demander, continua le Chanoine, si vous me supposez des idées différentes ?

— Par saint Georges ! monsieur, répliqua la philanthrope en élargissant le carré que formaient ses grands bras et en regardant le Chanoine d’un air farouche, vous vous connaissez mieux que je ne vous connais sans doute.

— Mais non ; vous devez supposer en moi certaines opinions que je ne me connais pas ; je vous serais obligé de vous expliquer plus clairement.

— Voici un homme, et un jeune homme, reprit M. Honeythunder, comme si cela empirait les choses, et comme s’il eût pris plus aisément son parti de la perte d’un vieillard, un jeune homme qui est balayé de la face de la terre par un acte de violence. Cet acte, comment l’appelez-vous ?