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M. Crisparkle tressaillit.

« Il ne nous convient pas, poursuivit le Doyen, de jouer le rôle de partisans de ce jeune homme. Non, nous ne devons pas nous poser en partisans. Nous autres membres du clergé, nous devons garder nos cœurs chauds et nos têtes froides. Judicieusement il nous est commandé de rester dans un juste milieu…

— J’espère, monsieur, que vous n’avez pas d’objection à faire à la déclaration que j’ai faite chaleureusement et en public. Je crois fermement que M. Drood reparaîtra ici, si quelque nouveau soupçon vient à s’éveiller. De nouvelles circonstances feront luire la lumière sur cette ténébreuse affaire.

— Non pas du tout… et pourtant, vous savez, je ne pense pas, répondit le Doyen, en appuyant sur ces mots je ne pense pas, que j’aurais fait, moi, cette déclaration, du moins aussi chaleureusement que vous. J’aurais constaté tout cela, oui ! mais chaleureusement, non ! En toute occasion, M. Crisparkle, gardons nos cœurs chauds et nos têtes froides, nous autres membres du clergé. Nous ne devons rien faire chaleureusement. »

Ainsi donc, le Coin du Chanoine ne vit plus Neville Landless.

Il s’en alla, où il lui plut d’aller, avec une flétrissure imprimée à son nom !

Alors, John Jasper reprit en silence sa place dans le chœur.

On ne le vit plus défait, les yeux toujours rouges.

Ses espérances l’avaient abandonné ; c’en était fait de l’amélioration qui s’était produite dans son humeur et ses noirs pressentiments étaient revenus.

Un jour ou deux après, au moment où il quittait sa robe, il tira de sa poche le journal qu’il écrivait jour par jour, et avec un regard expressif, mais sans dire un mot, il donna le passage suivant à lire à M. Crisparkle :

« Mon cher enfant a été assassiné.

« La découverte de sa montre et de son épingle me rend ferme dans cette conviction.

« Pendant cette nuit fatale, ses bijoux lui ont été en-