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connaître seulement une partie et rester dans l’ignorance sur d’autres points. Je désire qu’il soit assez bon pour me bien comprendre et je répète que la communication qu’il m’a faite, a eu une heureuse influence sur mon esprit, en dépit des préventions qui m’avaient auparavant si profondément indisposé contre le jeune Landless. »

Cette loyauté troubla beaucoup le Chanoine ; il sentit qu’il n’avait pas agi lui-même avec autant de franchise.

Il se reprocha d’avoir gardé le silence sur deux points : sur un second accès de colère de Neville contre Edwin Drood et sur la jalousie qui, à sa connaissance, s’était allumée dans le cœur du jeune homme contre son rival.

Il était convaincu de l’innocence de Neville, en ce sens qu’il était persuadé que son élève n’avait aucune part dans l’affreuse disparition d’Edwin, mais bien des petites circonstances se réunissaient malheureusement contre l’accusé ; il craignait d’en augmenter le poids.

Le Chanoine était le plus loyal des hommes, mais il avait agité dans son esprit, à sa grande perplexité, la question de savoir si faire connaître volontairement à ce moment ces deux appoints de la vérité ce ne serait pas apporter deux pierres de plus à l’édification du mensonge.

Cependant il avait un exemple devant les yeux.

Il n’hésita donc pas plus longtemps, et s’adressa directement à M. Grewgious comme à une personne revêtue d’une sorte d’autorité par la révélation qu’il avait été chargé de faire à Jasper.

Ici M. Grewgious, déjà si hérissé naturellement, se hérissa deux fois davantage.

M. Crisparkle soumit ensuite son témoignage au sentiment de justice de M. Jasper, et après avoir exprimé sa confiance absolue dans l’innocence de son élève, qui tôt ou tard devait sortir pur de tout soupçon, il avoua que sa confiance en ce jeune homme s’était formée, en dépit de la connaissance intime qu’il avait de son caractère bouillant et irritable et du fait qu’il était animé contre le neveu de M. Jasper, par les sentiments romanesques que Rosa lui avait inspirés.

Chose étrange, l’heureuse réaction qui s’était manifestée,