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« Je commence à croire possible qu’Edwin ait disparu par un effet de sa propre volonté, et qu’il vit et se porte bien. »

M. Crisparkle, ayant pris un siège, dit :

« Pourquoi en serait-il ainsi ? »

M. Jasper répéta les arguments qu’il venait de développer.

Eussent-ils été moins plausibles, que l’esprit du bon Chanoine aurait encore été on ne peut mieux préparé à les accepter, car ils disculpaient son malheureux élève.

Il déclara attacher une grande importance à ce fait que le jeune homme s’était trouvé, immédiatement après sa disparition, placé dans une position embarrassante vis-à-vis de tous ceux qui connaissaient ses projets et ses affaires.

« J’ai déclaré à M. Sapsea, quand nous nous sommes présentés devant lui, dit Jasper (et il l’avait déclaré en effet), qu’il n’y avait pas eu de querelle ou de différend entre les deux jeunes gens, lors de leur dernière rencontre. Nous savons tous que leur première rencontre avait été loin d’être amicale, mais tout s’est fort tranquillement passé la dernière fois qu’ils se sont trouvés ensemble chez moi. Mon cher enfant n’était pas dans son état d’esprit habituel ; il était fort accablé… Je l’ai remarqué… et je suis contraint d’insister davantage sur cette circonstance, maintenant que je sais qu’il y avait une raison particulière à son abattement, la même raison qui peut l’avoir porté à s’éloigner volontairement de moi !

— Plaise au ciel qu’il en soit ainsi ! s’écria M. Crisparkle.

— Plaise au ciel qu’il en soit ainsi ! répéta Jasper. Vous savez que j’avais conçu contre M. Neville Landless une forte prévention provoquée par la violence furieuse de sa conduite, dans une première rencontre. Vous savez que je me suis rendu chez vous, et très-effrayé, pour mon cher enfant, de cette violence de M. Neville. Vous savez que j’ai même inscrit sur mon journal, je vous ai montré le passage, que j’avais de sombres pressentiments à ce sujet. M. Grewgious doit être mis au courant de toute l’affaire, il ne doit pas, par une omission de ma part, en