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Dans la pièce voisine, joyeusement éclairée, tout était prêt.

Une jeune femme mettait alors les plats sur la table.

« Quel aimable spectacle, mon vieux Jack ! s’écria le jeune homme en frappant des mains l’une contre l’autre. Regardez-moi et répondez. Ce jour est un anniversaire. Mais de la naissance de qui ?…

— Pas de la vôtre, je le sais, répondit M. Jasper après un moment de réflexion.

— Et je le sais aussi, Jack. C’est l’anniversaire de la naissance de Pussy. »

Le regard du jeune homme trouvait en même temps le moyen d’embrasser la petite esquisse accrochée au-dessus de la cheminée.

« C’est le jour de naissance de Pussy, Jack, et nous boirons à sa santé. Dieu veuille que pour elle ce jour revienne longtemps… bien longtemps… Venez, mon oncle, conduisez votre respectueux et affamé neveu à la salle à manger. »

Le jeune garçon, car il n’était guère qu’un adolescent, posa la main sur l’épaule de Jasper, qui à son tour l’enlaça de son bras.

C’est ainsi qu’ils firent leur entrée dans la salle à manger.

« Ah ! seigneur, voilà Mme Tope ! s’écria le jeune homme ; plus belle que jamais !

— Ne vous occupez donc pas de moi, monsieur Edwin, répliqua la femme du bedeau.

— Ne vous fâchez pas, dit Edwin, et donnez-moi un baiser en l’honneur du jour de naissance de Pussy.

— Je vous en donnerais des Pussy, jeune homme, si j’étais Pussy comme vous l’appelez, fit Mme Tope en rougissant sous le baiser. Votre oncle est trop engoué, trop entiché de vous. Il se figure que vous n’avez qu’à appeler des Pussy par douzaine et qu’elles viendraient à votre voix.

— Vous oubliez, madame Tope, fit observer M. Jasper, tout en prenant sa place à table avec un joyeux sourire, et vous aussi, Ned, vous l’oubliez, que les mots oncle et neveu sont prohibés, expressément prohibés entre nous, d’un commun accord. Que le saint nom du Seigneur soit loué pour la nourriture que nous allons prendre.