Page:Dickens - Le Mystère d'Edwin Drood, 1880.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout le long du jour les recherches continuèrent, sur le flot, avec des barques et des crocs, des dragues et des filets ; sur les bords marécageux, avec des bottes fortes à genouillères, des cognées, des bêches, des cordes ; on employa même des chiens.

La rivière apparut à la nuit couverte de lanternes et de feux.

Les criques éloignées, baignées par la marée montante, étaient remplies de guetteurs attentifs à écouter le bruit de l’eau et à s’assurer qu’elle n’entraînait pas avec elle quelque fardeau étranger.

Les digues près de la mer et tous leurs environs furent également explorés par des porteurs de falots.

Mais l’aube du jour suivant parut.

Nulle trace d’Edwin Drood.

Durant toute cette seconde journée, les recherches continuèrent au milieu des osiers de la rive.

John Jasper travaillait et n’épargnait pas sa peine.

Aucune trace d’Edwin Drood encore ce jour-là.

Ayant encore dirigé les recherches pendant la nuit qui suivit, et toujours sans résultat, il rentre chez lui épuisé, en désordre, tout souillé de boue desséchée, ses vêtements en lambeaux.

Il venait de se laisser tomber sur son fauteuil, quand M. Grewgious se présenta devant lui.

« Voilà d’étranges nouvelles, dit M. Grewgious.

— D’étranges et effroyables nouvelles ! »

Jasper s’était contenté, en disant cela, de rouvrir ses yeux alourdis, et il les referma en s’affaissant avec accablement sur un des bras de son fauteuil.

M. Grewgious essuya son front et son visage et se tint debout les yeux fixés sur le feu.

« Comment est votre pupille ? demanda Jasper au bout d’un instant, d’une voix presque éteinte.

— Pauvre petite ! Vous pouvez facilement vous faire une idée de l’état dans lequel je l’ai trouvée.

— Avez-vous vu sa sœur ? demanda Jasper sur le même ton.

— La sœur de qui ?… »

La sécheresse de cette contre-interrogation et la ma-