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à plusieurs reprises sur ses premières questions auxquelles Neville faisait les mêmes réponses, et que tous hasardaient quelques conjectures explicatives.

Il y avait de l’obstination dans le silence de Jasper, car M. Crisparkle l’avait plusieurs fois directement invité à prendre part à la discussion, sans pouvoir amener aucun changement dans l’expression de son visage immobile.

Quand ils approchèrent de la ville, le Chanoine suggéra l’idée qu’ils feraient bien de se rendre directement chez le Maire.

Jasper donna son assentiment à cette idée en inclinant la tête d’un air sévère, mais il ne dit pas un mot avant le moment où ils se trouvèrent dans le cabinet de M. Sapsea.

M. Sapsea ayant été informé par M. Crisparkle des circonstances dans lesquelles ils désiraient faire devant lui un exposé de l’affaire, M. Jasper rompit le silence pour déclarer qu’il avait la plus entière confiance, humainement parlant, dans la pénétration de M. Sapsea ; qu’il n’y avait aucune raison admissible, pour que son neveu se fût éloigné aussi subitement, à moins que M. Sapsea n’en démêlât une, et que dans ce cas il s’y rendrait.

Il ajouta qu’il n’y avait aucune probabilité qu’Edwin fût retourné à la rivière et qu’il se fût noyé par accident, à moins toujours que la chose ne parût probable à M. Sapsea, auquel cas il déférerait encore à son opinion.

Il entendait bien ne point s’abandonner à d’horribles soupçons, à moins qu’au jugement de M. Sapsea un semblable soupçon ne dût s’attacher au dernier compagnon de son neveu avant sa disparition, alors surtout que les deux jeunes gens avaient été dans de mauvais termes antérieurement ensemble.

Jasper assura d’ailleurs que l’état de son esprit, troublé par des doutes et sous le coup de funestes appréhensions, ne pouvait être naturellement dans le même état de sérénité judicieuse que celui de M. Sapsea.

M. Sapsea exprima l’opinion que l’affaire se présentait sous un aspect sombre.

En résumé (et ses yeux se fixèrent sur le visage de Neville), le jeune homme était doué d’une complexion qui n’avait rien d’anglais.