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— Non, il m’a dit qu’il rentrait directement chez lui. »

Les assistants se regardaient les uns les autres, puis regardaient M. Crisparkle, auquel M. Jasper, qui avait attentivement observé Neville, dit à voix basse et d’un ton soupçonneux :

« Qu’est-ce que ces taches de sang qu’il a sur ses vêtements ? »

Tous les yeux se tournèrent sur le sang qui souillait ses habits.

« Et tenez, les mêmes taches de sang se retrouvent sur ce bâton, dit Jasper en prenant le bâton de la main de l’homme qui le tenait. Je connais ce bâton comme lui appartenant, et il le portait hier soir. Qu’est-ce que cela signifie ?

— Au nom du ciel, qu’est-ce que cela signifie, Neville ? s’écria M. Crisparkle.

— Cet homme et moi, dit Neville, avons eu tout à l’heure une lutte ensemble dans laquelle ce butor a joué son rôle, et vous pouvez en trouver les marques sur lui comme sur moi, monsieur. Que pouvais-je supposer en me voyant molesté par huit individus ? Pouvais-je entrevoir la véritable raison de leur conduite quand ils se refusaient même à me parler. »

Joë reconnut qu’ils avaient, en effet, jugé convenable de garder le silence et que ce combat avait eu lieu.

Pourtant ces mêmes hommes qui y avaient assisté regardaient d’un air sombre les taches de sang qui s’étaient déjà séchées à la froideur de l’air.

« Nous devons retourner à Cloisterham, Neville, dit M. Crisparkle ; naturellement, vous serez bien aise de revenir pour vous justifier.

— Oui, c’est vrai, monsieur.

— M. Landless fera la route avec moi, dit le Chanoine en regardant autour de lui. Venez, Neville. »

Ils se mirent en marche dans la direction de Cloisterham, et les autres, à l’exception d’un seul, les suivirent de loin.

Jasper marchait de l’autre côté de la route près de Neville et ne quitta pas cette position.

Il gardait le silence, tandis que M. Crisparkle revenait