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Le plus grand et le plus fort d’entre eux le saisit à bras le corps avec dextérité, et tous deux roulèrent par terre, mais non avant que le lourd bâton fût retombé fortement.

« Laissez-le, dit aux autres cet homme d’une voix oppressée, pendant qu’ils luttaient ensemble sur le gazon. Combat loyal ! Il est bâti comme une fille comparativement à moi, et, de plus, il a un poids sur le dos. Je me charge de lui. »

Ils roulèrent l’un sur l’autre en se portant des coups qui leur ensanglantaient le visage à tous les deux ; puis l’homme retira son genou de dessus la poitrine de Neville.

« Voilà ! maintenant que deux d’entre vous le prennent chacun par un bras. »

Ce qui fut fait immédiatement.

« Nous ne sommes pas une bande de voleurs, M. Landless, dit l’homme en essuyant le sang qui lui couvrait le visage, mais vous serez mieux renseigné avant le milieu de la journée. Nous ne vous aurions pas touché, si vous ne nous y aviez pas forcé. Nous allons vous ramener sur la grande route, où vous trouverez assistance contre les brigands, si vous en avez besoin. Que quelqu’un lui essuie le visage et voie s’il a quelque autre blessure ! »

Lorsque son visage eut été essuyé, Neville reconnut dans celui qui portait la parole, Joe, le conducteur de l’omnibus de Cloisterham, qu’il n’avait vu qu’une seule fois, le jour de son arrivée dans la ville.

« Et ce que je vous recommande pour le moment, M. Landless, c’est de ne pas parler. Vous trouverez un ami qui vous attend sur la grande route. Il est parti en avant par l’autre chemin, quand nous nous sommes séparés en deux escouades, et vous ferez bien de ne rien dire avant de l’avoir rejoint. Que quelqu’un ramasse ce bâton, et mettons-nous en route. »

Absolument confondu, Neville regarda autour de lui ; il n’avait pas envie vraiment de dire un mot.

Marchant entre les deux conducteurs qui lui donnaient le bras, il avançait comme dans un rêve.

Arrivé sur la grande route, il se trouva au milieu d’un