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d’hôtes pour laquelle les dispositions étaient suffisamment prises, sous forme de paille et d’eau de son, étaient si peu communs à l’enseigne du Haquet, que Neville dut attendre une heure l’apparition d’un plateau supportant le thé, les rôties et le jambon.

Neville, pendant ce temps, s’était assis dans un parloir sablé, se demandant combien il faudrait de temps, après qu’il serait parti, pour que le feu de fagots mouillés, allumé à son intention, commençât à donner quelque chaleur à un voyageur qui ne serait plus lui.

En vérité, l’auberge à l’enseigne du Haquet était le séjour même des frimas ; elle était située au faîte d’une côte ; le sol devant la porte offrait un mélange de boue et de paille piétiné par les sabots des bêtes et les pieds des hommes.

Là, une acariâtre hôtesse, établie dans le comptoir, frappait un enfant qui avait un pied chaussé d’un chausson rouge et l’autre nu.

On voyait un fromage sur une tablette, en compagnie d’un torchon mouillé et d’un couteau à manche vertdegrisé ; le pain reposait sur un autre meuble à côté du linge de la famille, à demi lavé, à demi séché.

Point de verres, rien que des pots d’étain.

Cette auberge tenait plaisamment la promesse, inscrite sur sa porte, d’offrir un bon gîte aux hommes et aux bêtes.

Mais Neville n’était pas porté à la critique, en ce moment, car il était affamé ; il prit ce qu’on lui donna et se remit en route.

Il s’arrêta environ à un quart de mille de l’auberge, se demandant s’il suivrait la grande route ou s’il prendrait un sentier entre deux haies longeant le flanc d’une colline.

Il se décida pour ce dernier chemin et le suivit avec quelque fatigue, car la montée était rude et le chemin, resserré entre deux profondes ornières, était assez dégradé.

Il montait péniblement, quand il s’aperçut que quelques autres piétons le suivaient.

Comme ils avançaient d’un pas plus vif que le sien, il s’arrêta sur l’un des escarpements pour les laisser passer.