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ce soir-là, les coups de vent avaient éteint plusieurs lanternes ; quelques-unes avaient même été brisées, et leurs vitres détachées tombèrent avec fracas.

Alors il se fit une obscurité inaccoutumée.

La poussière s’élevait en tourbillons ; le vent faisait aussi voler les débris des nids de corneilles, construits au faîte de la tour ; les arbres eux-mêmes s’agitaient et craquaient, et leurs racines semblaient au moment d’être arrachées.

Tout à coup retentit un bruit nouveau : la chute d’un corps pesant, quelque maîtresse branche, sans doute, qui cédait à l’effort de la tempête.

On a rarement vu, par une nuit d’hiver, le vent souffler avec une telle violence.

Les cheminées sont emportées ; les tuiles roulent sur le pavé des rues ; les gens qui sont dehors sont obligés de s’accrocher aux murailles ; les rafales, loin de diminuer, deviennent plus furieuses jusqu’à minuit.

La tempête s’attaque aux maisons mêmes après avoir découronné les toits, ébranlant les loquets des portes et détachant les volets, comme pour avertir les habitants de se lever et de fuir devant l’orage, s’ils ne veulent point que les toits de leurs maisons s’écroulent sur leurs têtes.

La lumière rouge, dans la maison de la porte du cloître, brillait toujours.

Le vent gémit tout le reste de la nuit.

De grand matin, quand les premières lueurs du jour firent pâlir les étoiles, il s’apaisa par moments.

Il soufflait encore par intervalles et par charges furieuses.

On aurait dit un monstre blessé à mort, qui tombe avec d’effroyables râlements.

Le jour brilla.

On put voir alors que les aiguilles de l’horloge de la cathédrale étaient tordues ; le plomb des combles avait été enlevé et précipité dans l’enceinte du cloître ; quelques grosses pierres même étaient déplacées au sommet de la grande tour.

Bien qu’on fût au matin de Noël, il parut nécessaire d’envoyer des ouvriers pour s’assurer de l’importance du dommage.