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sait-il aux marchands, il faut donc mettra le temps à profit pour le bien traiter. »

Ces préparatifs hospitaliers une fois achevés, il était allé faire une visite à M. Sapsea et lui annoncer que son cher Ned et l’inflammable damoiseau qui habitait chez M. Crisparkle, devaient dîner chez lui pour mettre fin à leur différend.

M. Sapsea était dans des dispositions rien moins qu’amicales pour l’inflammable damoiseau en question.

Il répondit que la complexion de Neville n’avait rien d’anglais, et quand M. Sapsea déclarait qu’une chose n’avait rien d’anglais, cela était bien grave !

John Jasper paraît sincèrement afligé d’entendre M. Sapsea parler ainsi.

Il répond qu’il sait très-bien que M. Sapsea ne parle jamais sans intention, et que, grâce à sa subtilité d’esprit, il a toujours raison.

M. Sapsea incline la tête avec complaisance : son opinion sur lui-même est bien celle que Jasper vient d’exprimer.

Jasper est admirablement en voix ce jour-là.

Dans la pathétique prière qu’il adresse à Dieu pour disposer son cœur à rester toujours fidèle à la loi divine, il étonne presque ses concitoyens par sa puissance mélodieuse.

Il n’a jamais chanté la musique d’église avec autant de science que le psaume de ce jour.

Son tempérament nerveux le pousse trop souvent à presser un peu le mouvement.

Cette fois, il a gardé irréprochablement la mesure.

Ces beaux effets sont probablement dus à un grand calme d’esprit.

Quant au mécanisme de son gosier toujours un peu délicat, M. Jasper le soigne toujours fort bien : il porte entre sa robe de chambre, par-dessus ses vêtements habituels, une large écharpe de laine nouée autour de son cou.

Mais que ce calme si rare en lui est remarquable ce jour-là !

M. Crisparkle ne peut se tenir de lui en parler au moment où ils sortent ensemble après les vêpres.