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que la sienne, puis il rentre pour prendre son bâton de voyage.

M. Crisparkle, qui est resté sur l’escalier, lui voit ce bâton dans la main, le prend, et lui demande avec un sourire :

« Pour quelles qualités choisissez-vous un bâton ?

— Oh ! répond Neville, je ne saurais dire que je m’y connaisse beaucoup, j’ai choisi celui-ci pour son poids.

— Il est beaucoup trop lourd, Neville, beaucoup trop lourd ?

— Cependant s’il faut s’appuyer dessus pendant une longue marche, monsieur ?

— S’appuyer dessus ? répète M. Crisparkle en prenant la pose du marcheur, vous ne vous appuyez pas, vous ne faites simplement que le balancer dans votre main.

— L’habitude me viendra avec la pratique, monsieur. Je n’ai pas vécu dans un pays d’excursions pédestres, vous le savez.

— C’est vrai, dit M. Crisparkle. Commencez un petit apprentissage, et nous en arriverons à faire quelque vingtaines de milles ensemble. Il faut que je vous quitte pour le moment. Rentrerez-vous longtemps avant le dîner ?

— Je ne le pense pas. »

M. Crisparkle lui dit adieu, par un joyeux signe de tête, exprimant, non sans intention, la confiance la plus absolue et la tranquillité la plus parfaite.

Neville se rend à la maison des Nonnes et demande qu’on avertisse Mlle Helena que son frère est là ainsi qu’il a été convenu.

Il attend près de la grille, sans même en franchir le seuil, fidèle à la parole qu’il a donnée de ne pas chercher à se trouver sur le passage de Rosa.

Sa sœur n’est pas moins attentive qu’il peut l’être, à se conformer à l’engagement qu’ils ont pris tous les deux, et elle ne perd pas un moment pour venir le rejoindre.

Ils se font un accueil affectueux, en évitant de prolonger leur séjour dans ces parages, et ils se dirigent immédiatement vers la campagne.

« Je ne veux pas m’engager sur un terrain défendu, Helena, dit Neville, quand ils sont arrivés à une certaine