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leurs familles, et ils ont emporté chacun au cœur un amour pour l’une des jeunes filles du pensionnat de Mlle Twinkleton (amour ignoré de celle qui en est l’objet) ; les servantes seules se montrent par moment aux fenêtres de ce dernier établissement.

Il est à remarquer, à ce propos, que ces demoiselles deviennent plus délicates en matière de décorum, quand elles restent seules ainsi, chargées de représenter leur sexe, que lorsqu’elles partagent ce mandat de représentation avec les jeunes élèves de Mlle Twinkleton.

Trois personnes doivent se rencontrer ce soir-là à la maison de la porte du cloître.

Comment chacune d’elles occupera-t-elle sa journée ?

Neville Landless, quoique dispensé de tout travail par M. Crisparkle, dont la nature primitive n’est nullement insensible aux charmes d’un jour de fête, lit et écrit dans sa petite chambre si tranquille avec un air de grande application, jusqu’à deux heures après midi.

Puis, il se met à débarrasser sa table, à ranger ses livres, et à déchirer et à brûler ses papiers inutiles.

Il fait disparaître la poussière et range les livres qui se sont accumulés sur sa table, met de l’ordre dans ses tiroirs, et déchire ou brûle encore toutes les notes ou fragments de papiers, à l’exception de ceux qui ont trait à ses études.

Cela fait, il passa en revue sa garde-robe et choisit quelques effets d’habillement parmi ceux qu’il porte tous les jours et entre autres de forts souliers et des socques, puis il empaquette le tout dans un havre-sac.

Ce havre-sac est neuf ; il l’a acheté la veille dans la Rue Haute.

Il a aussi fait l’emplette, le même jour, et au même lieu, d’un lourd bâton de voyage dont la poignée est bien en main et le bout ferré.

Il l’essaie, le brandit, le soupèse dans sa main, et le dispose à côté du havre-sac dans l’embrasure de la fenêtre.

Alors toutes ses dispositions sont prises.

Il s’habille pour sortir et il se dispose à partir ; déjà même il a quitté sa chambre et a rencontré sur le palier le Chanoine mineur, dont la chambre est au même étage