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Cette radieuse créature sous le regard des monstres de pierre et des gargouilles qui la regardaient d’en haut agitait ses mains en signe d’adieu.

Les voitures s’éloignaient et Rosa restait ; elle représentait la jeunesse et demeurait en ce lieu antique et noir, comme pour y représenter encore la vie et le sourire dans cette désertion générale de tout ce qui était joyeux et vivant.

La triste Rue Haute retentit des accents de toutes ces voix argentines qui répètent :

« Adieu, Bouton de Rose, adieu, ma chérie. »

L’image du père de M. Sapsea, qui décore la porte en face, semblait dire aux passants :

« Messieurs, nous ne sommes pas si malheureux ! Un charmant petit lot nous reste ! »

Puis la vieille rue si animée pendant quelques courts instants par la présence de cette brillante jeunesse, rentra dans son calme et Cloisterham reprit sa vieille physionomie.

Si Rosa, dans sa retraite, attendait en ce moment l’arrivée d’Edwin Drood avec un certain trouble au cœur, Edwin de son côté n’était pas plus tranquille.

Avec moins de fermeté dans ses projets que l’enfantine beauté proclamée par acclamation la reine de l’établissement de Mlle Twinkleton, il avait une conscience et M. Grewgious l’avait singulièrement aiguillonnée.

Les fermes convictions de ce gentleman, sur ce qui était bien ou mal, dans une position telle que la sienne, ne devaient être ni dédaignées, ni tournées en dérision.

Elles étaient immuables.

Sans le dîner dans Staple Inn et sans la bague qu’il portait sur sa poitrine, dans la poche de son habit, il aurait laissé arriver tout doucement le jour des noces.

Le mariage ne lui suggérait aucune pensée sérieuse, et il lui semblait que les choses iraient toutes seules.

Mais placé brusquement par M. Grewgious en face de ce qu’il devait « à la morte et à la vivante, » il commençait à se troubler.

Il devait ou donner la bague à Rosa, ou la rendre.

Une fois entré dans cette voie étroite, il se sentait assez