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Le moment de la séparation n’est plus éloigné…

Mademoiselle Twinkleton, déposant un baiser sur les joues de chaque jeune fille, lui confie une fort jolie lettre, adressée à son plus proche parent, et portant à l’un de ses coins : « Avec les meilleurs compliments de Mademoiselle Twinkleton. »

Cette missive est remise d’un air qui éloigne toute idée qu’elle peut avoir trait à la note à payer ; on est tenté de penser, au contraire, qu’il s’agit de quelque délicate et agréable surprise.

Rosa avait assisté déjà à bien des scènes semblables ; elle connaissait si peu d’autre demeure qu’elle était presque contente de demeurer là, plus contente même que les autres années, sa plus nouvelle amie devant rester auprès d’elle.

Et pourtant dans cette nouvelle amitié, quelque chose manquait à quoi elle ne pouvait s’empêcher d’être très-sensible.


Helena Landless, ayant été présente aux révélations de son frère au sujet de Rosa et s’étant engagée à garder le silence conseillé par M. Crisparkle, évitait toute allusion au nom d’Edwin Drood.

Pourquoi agissait-elle ainsi ?

C’était un mystère pour Rosa.

C’était aussi un désappointement ; car cette réserve d’Helena l’empêchait de soulager son cœur d’une partie de ses doutes et de ses hésitations.

Elle aurait aimé à prendre Helena pour confidente.

L’attitude de sa compagne arrêtait les confidences sur ses lèvres.

Rosa, forcée de réfléchir toute seule aux difficultés de sa position, s’irritait et se demandait chaque jour plus impatiemment pourquoi Helena persistait à éviter de prononcer le nom d’Edwin, maintenant surtout qu’elle savait cela, car Helena lui avait dit que le bon accord se rétablirait entre les deux jeunes gens dès que Edwin Drood reviendrait…

Ah ! c’était un joli tableau que de voir toutes ces jolies filles embrassant Rosa sous le porche de la Maison des Nonnes !