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On s’était montré dans les costumes les plus légers pour célébrer ces petites fêtes, et l’audacieuse Mlle Ferdinand avait même surpris la compagnie, en exécutant un solo animé avec un peigne et une feuille de papier à papillotes, jusqu’au moment où elle avait été étouffée, sous son oreiller, par deux petits bourreaux aux cheveux flottants.

Ces folies n’étaient pas les seuls signes qui annonçassent une dispersion prochaine.

Les malles apparaissaient dans les chambres à coucher, circonstance anormale en tout autre temps, et la quantité d’objets, de choses à empaqueter, offrait une surprenante disproportion avec le nombre des coffres et des boîtes qui devaient les contenir.

On fit de nouvelles largesses aux servantes, sous forme de pots de cold cream plus ou moins vides, de pommade, et d’épingles à cheveux.

À la condition d’un secret inviolable, les jeunes filles avaient échangé des confidences sur la jeunesse dorée d’Angleterre qu’elles s’attendaient à voir affluer chez leurs parents.

Mlle Giggles, complètement dénuée de sentiment, déclara que, pour sa part, elle accueillerait tous les hommages par une grimace ; mais la manière de penser de cette jeune personne fut réprouvée à une immense majorité.

Le dernier soir avant les vacances, on se faisait toujours un point d’honneur de prendre la résolution que personne ne se coucherait et qu’on donnerait aux revenants tous les encouragements possibles.

Il faut ajouter que cet engagement était invariablement rompu avant minuit et que toutes les jeunes filles gagnaient leurs lits en s’étirant et en bâillant à faire pitié.

La dernière cérémonie eut lieu à midi, le jour du départ.

Mlle Twinkleton, assistée de Mme Tisher, se tenait dans le salon de son propre appartement ; les globes terrestre et céleste étaient déjà couverts de toiles écrues, des verres de vin blanc et des gâteaux coupés par tranches couvraient la table.

Mlle Twinkleton dit alors :