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— Chut ! l’horloge de la tour va sonner. »

L’horloge sonna les quatre quarts, et la grosse cloche s’ébranla.

« Deux heures ! s’écria Durdles en se mettant avec peine sur son séant. Pourquoi n’avez-vous pas essayé de réveiller Durdles, monsieur Jasper ?

— Je l’ai fait, mais avec autant de succès que si j’avais secoué un mort… un des membres de la famille de vos morts là-bas, dans le coin.

— Avez-vous touché Durdles ?

— Si je vous ai touché ? Oui, puisque je vous ai secoué. »

Durdles se rappelle, en effet, avoir été touché dans son rêve.

Il regarde par terre et voit la clef de la porte de la crypte près de l’endroit où lui-même est assis.

« Durdles l’aura laissée tomber, n’est-ce pas ? » dit-il en la ramassant.

Il fait de grands efforts pour se lever et se tenir droit, ou du moins aussi droit que la chose lui est possible ; mais il s’aperçoit de nouveau que son compagnon l’observe.

« Eh bien ? dit Jasper en souriant. Êtes-vous tout à fait prêt ? Je vous en prie, ne vous pressez pas.

— Laissez Durdles arranger son paquet, monsieur Jasper, et Durdles est à vous. »

Pendant qu’il refait les nœuds de son paquet, il s’aperçoit encore que M. Jasper le surveille.

« De quoi soupçonnez-vous Durdles, monsieur Jasper ? demanda-t-il avec le mécontentement grognon des ivrognes. Que ceux qui ont un soupçon sur Durdles s’expliquent !

— Je n’ai aucun soupçon sur vous, mon bon monsieur Durdles ; mais je soupçonne que ma gourde était pleine de quelque liqueur plus chaude que nous ne le supposions. Et puis, ajouta Jasper en ramassant la gourde et en lui mettant le goulot en bas, j’ai le soupçon qu’elle est vide. »

Durdles daigne rire de cette plaisanterie, ce qui ne l’empêche point de s’adresser à lui-même des remontrances, au sujet de son penchant à la boisson.