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Là, sans autre lumière que celle du feu, ce dernier s’assoit et chante de sa belle voix grave de la musique d’église pendant deux ou trois heures, tant que la nuit reste sombre.

Au bout de ce temps la lune se leva.

Alors, sans bruit, Jasper ferme son piano, change son habit pour une jaquette, dans la poche de laquelle il place une grande gourde recouverte d’osier, met sur sa tête un chapeau bas de forme et à grands bords, et sans bruit toujours, il sort de sa demeure.

Pourquoi toutes ces précautions ?

Il semble n’avoir aucune raison de se cacher.

Médite-t-il quelque démarche étrange et inavouable ?

Gagnant la maison inachevée de Durdles, ou plutôt le trou que cet être bizarre s’est pratiqué dans le mur de la ville, et y apercevant de la lumière, Jasper s’aventure au milieu des pierres tumulaires, des tablettes, et des fragments de marbre qui encombrent la cour et que la lune commence à éclairer çà et là.

Les deux ouvriers à la journée ont laissé leurs deux grandes scies enfoncées dans leurs blocs de pierre.

Maintenant, deux ouvriers fantômes, échappés à la danse des morts, pourraient se glisser en grimaçant dans leurs deux sièges, et tailler avec des outils fantastiques les pierres tumulaires des deux citoyens de Cloisterham destinés à mourir les premiers.

Il est peu probable que ces deux citoyens pensent à la mort, étant vivants et peut-être menant joyeuse vie.

« Holà ! Durdles !… » fit Jasper.

La lumière se met en mouvement, et Durdles apparaît à la porte.

Il était rentré chez lui pour se nettoyer ; il s’est donc servi pour cela d’une bouteille, d’un pot et d’un verre, car aucun autre objet ne se voyait dans la chambre qui puisse être employé pour la toilette ; les briques sont à nu, les poutres du plafond ne sont pas même recouvertes de plâtre ; c’est un triste palais dans lequel il introduit son visiteur.

« Êtes-vous prêt ?

— Durdles est prêt,» maître Jasper. Que les vieilles pra-