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l’égard de cet homme, a été en principe stimulée par M. Sapsea. La connaissance du genre humain que possède M. Sapsea et la faculté qu’il a de pénétrer tout ce qui peut exister de mystérieux ou d’étrange autour de lui, m’a induit à m’occuper plus sérieusement de ce personnage que j’avais l’occasion de rencontrer constamment sur mon chemin. Vous ne seriez pas surpris, monsieur le Doyen, si vous aviez vu, comme moi, M. Sapsea traiter avec lui, en son parloir.

— Oh ! s’écria M. Sapsea ramassant la balle au bond avec une ineffable complaisance. Oui… oui… c’est à cela que faisait allusion le Très-Révérend Doyen ? Oui, il m’est arrivé de réunir chez moi Durdles et M. Jasper. Je regarde Durdles comme un caractère.

— Un caractère, monsieur Sapsea, qu’avec votre savant scalpel vous avez pénétré à fond, dit Jasper.

— Non pas précisément, répliqua l’imposant commissaire-priseur. Je puis avoir une légère influence sur lui et peut-être un petit aperçu de sa vraie nature. Le Très-Révérend Doyen voudra bien se mettre dans l’esprit que j’ai quelque peu vu le monde. »

Sur ce, M. Sapsea resta un peu en arrière du Doyen, pour inspecter les boutons de son habit.

« Eh bien ! dit le Doyen en regardant autour de lui pour voir ce qu’était devenu son imitateur, j’espère que M. le Maire voudra bien se servir de ses études et de la connaissance de Durdles qu’il a acquise, pour exhorter ce compagnon à ne pas faire rompre le cou à notre digne et respecté maître de chapelle. Nous ne pourrions réparer un tel dommage ; la tête et la voix de M. Jasper sont trop précieuses pour nous. »

M. Tope, de nouveau très-vivement intéressé, se laissa aller à un éclat de rire convulsif mais respectueux, qu’il sut réduire bientôt aux proportions d’un murmure plein de déférence.

M. Tope sembla donner à entendre que certainement il n’y avait personne qui ne se trouverait heureux et honoré même de se rompre le cou, en retour d’un pareil compliment, sortant d’une telle bouche.

« Je prendrai, sur moi, monsieur, dit Sapsea avec im-