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regarder entre les barreaux de la grille et lire peut-être son inscription fameuse.

S’il rencontre un étranger sortant du cimetière d’un pas rapide, il demeure moralement convaincu que cet étranger s’éloigne la rougeur au front, comme le monument l’y invite.

L’importance de M. Sapsea s’était accrue, car il était devenu maire de Cloisterham.

« Sans les maires, on ne disconviendra pas que la charpente de l’édifice social s’écroulerait. »

M. Sapsea croyait consciencieusement avoir imaginé cette figure.

Des maires ont été faits chevaliers pour s’être distingués par leurs harangues, bien que le plus souvent elles criblent de traits perfides la malheureuse grammaire anglaise.

M. Sapsea peut se distinguer tout comme un autre par une harangue.

Montez donc sur le pavois, Sir Thomas Sapsea ! Vous êtes de ceux qui honorent cette terre !

M. Sapsea avait cultivé la connaissance de M. Jasper depuis la première fois qu’ils s’étaient régalés ensemble de porto, d’épitaphes, de trictrac, de bœuf, et de salade.

M. Sapsea avait été reçu dans la demeure de M. Jasper avec une aimable hospitalité.

À cette occasion, Jasper s’était mis au piano ; il avait chanté pour le maire et chatouillé ses oreilles (ceci soit dit au figuré) assez longtemps pour que M. Sapsea gardât le souvenir d’un aussi doux chatouillement.

Ce que M. Sapsea aime en ce jeune homme, c’est qu’il est toujours prêt à profiter de la sagesse de ses aînés et qu’il a un « bon fond. »

La preuve, c’est que ce soir-là, il a chanté à M. Sapsea, non pas l’une de ces chansons profanes goûtées de nos ennemis nationaux, mais le véritable chant indigène de Georges III, invitant ce grand roi à réduire en poudre toutes les autres îles que l’Angleterre, tous les continents, les péninsules, les isthmes, les promontoires, etc., etc., ainsi qu’à balayer les mers.