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sonnage, auquel il n’était jamais arrivé de se troubler la cervelle au sujet de cette inscription, si ce n’est pour se demander parfois, en y jetant un regard embarrassé, si cela voulait dire : John Thomas ou Joe Tyler.

Ce personnage, M. Grewgious, écrivait devant son feu.

Qui aurait pu dire, en voyant M. Grewgious, s’il avait jamais connu l’ambition ou les déceptions de la vie ?

Il avait fait ses études pour être avocat ; puis il avait abandonné cette profession pour devenir agent d’affaires.

Il dressait des actes, rédigeait des contrats ; mais sa profession et lui avaient fait, au demeurant, un mariage si indifférent ensemble qu’ils se séparèrent bientôt, par consentement mutuel, si toutefois on peut dire qu’il y a séparation lorsqu’il n’y a jamais eu d’union.

Au vrai, cette fière profession ne voulut pas se décider à venir à M. Grewgious ; il lui fit la cour ; il ne put faire sa conquête ; et chacun tira de son côté.

Cependant, il lui vint une première et dernière affaire : un certain arbitrage poussé vers lui par un vent heureux.

Il s’en était fait honneur par l’ardeur infatigable qu’il avait mise à rechercher la justice, en agissant toujours conformément au droit.

Après quoi, une rondelette quantité d’écus arriva dans sa poche.

Il était actuellement receveur de rentes et administrateur de deux riches domaines, dont il remettait les affaires légales, moyennant une importante remise, en l’étude des avoués qui habitaient l’étage inférieur.

M. Grewgious avait alors soufflé son ambition, en supposant que la chandelle eût été jamais allumée ; il s’était établi sous la vigne et le figuier desséchés de P. J. T., plantés en 1747.

De nombreux livres de comptes, des liasses de correspondances, et plusieurs coffres-forts garnissaient le cabinet de M. Grewgious.

On n’aurait pu dire qu’ils l’encombraient, tant était consciencieux et précis l’ordre qui présidait à leur arrangement.

L’appréhension de mourir subitement, en laissant un