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reçu que moi-même ; mais je suis un ministre de paix. En un mot, Jasper, je veux rétablir la concorde entre ces deux jeunes gens.

Une expression d’embarras se peignit sur le visage de Jasper, expression si difficile à définir que M. Crisparkle ne sut que penser.

« Comment vous y prendrez-vous ? demanda Jasper d’une voix basse et triste, après un moment de silence.

— C’est pour cette question-là : « Comment ? » que je viens à vous. J’ai à vous demander comme faveur, et comme service, d’intervenir auprès de votre neveu. Pour moi, j’ai agi auprès de M. Neville. Obtenez d’Edwin qu’il vous écrive un court billet, dans lequel il dirait qu’il est tout disposé à serrer la main de M. Neville. Sans le moins du monde défendre ce dernier, nous pouvons tous reconnaître qu’il a été cruellement piqué. »

Jasper tourna son visage du côté du feu.

M. Crisparkle, qui continuait à l’observer, se trouva plus embarrassé qu’auparavant.

L’attitude du chantre semblait indiquer une profonde méditation intérieure.

« Je sais que vous n’êtes pas prévenu en faveur de M. Neville. »

Le chanoine allait continuer, mais Jasper l’arrêta.

« Vous avez raison de le dire. Je ne le suis pas, en effet.

— Indubitablement. J’admets la déplorable violence de son caractère, dont j’espère qu’à nous deux, lui et moi, nous parviendrons à triompher. J’ai obtenu de lui une promesse solennelle pour sa conduite future envers votre neveu, et si vous avez la bonté d’intervenir, je suis sûr qu’il la tiendra…

— Vous êtes toujours prêt à répondre pour les autres et vous méritez toute confiance, monsieur Crisparkle, mais vous croyez-vous réellement sûr de pouvoir répondre de ce jeune homme avec autant de confiance ?

— Certes. »

L’air embarrassé et embarrassant du chanoine s’était évanoui.

« Alors vous soulagez mon esprit d’une grande crainte