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En cette nouvelle occasion, le bon chanoine prit donc son verre de Constance de la meilleure grâce du monde, et ainsi réconforté, à la satisfaction de sa mère, il se mit à vaquer aux travaux qui lui restaient à accomplir pour la journée.

Il remplit ses devoirs ponctuellement, et au moment voulu, jusqu’à l’heure du service du soir.

La cathédrale étant un lieu très-froid, il fit un temps de course au trot après le service.

Cette course se termina par une charge vigoureuse contre son fragment de ruines favori qu’il escalada sans s’arrêter ni respirer.

Il accomplit même cette prouesse d’une façon tout à fait magistrale et il ne souffla même pas quand, debout sur le faîte, il fit halte pour contempler la rivière qui coulait au-dessous de lui.

La rivière à Cloisterham est si près de la mer qu’on y voit fréquemment surnager des herbes marines.

Or, ce jour-là, une quantité plus considérable que de coutume de ces plantes marines avait été apportée par la dernière marée.

À cette circonstance se joignait le trouble de l’eau, le clapotement des vagues, la lueur sinistre du côté de la mer ; les barques passaient avec leurs voiles grises démesurément gonflées ; tout présageait une nuit orageuse.

Le chanoine médita sur le contraste qu’offrait cette mer irritée et bruyante avec le Coin du Chanoine qui était un port si tranquille.

Helena et Neville passèrent en ce moment au-dessous de lui.

Il avait pensé à eux toute la journée.

À l’instant il descendit de son observatoire, il voulait leur parler.

Mais la descente était difficile à la clarté mourante du soir ; heureusement que M. Crisparkle était un grimpeur exercé ; peu d’hommes pouvaient rivaliser avec lui dans ce genre d’exercice.

Il arriva auprès des jeunes gens quand tout autre à sa place n’aurait été encore qu’à moitié de la descente.

« Vilaine soirée, mademoiselle Landless ! Ne trouvez-