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mineur à sa mère, qui était assise et tricotait dans son cabinet, que tu es un peu trop sévère pour M. Neville ?

— Je ne le pense pas, Septimus, répondit la vieille dame.

— Discutons le fait, maman ?

— Je n’ai aucune objection à faire à ta proposition, Septimus. Je crois, mon cher enfant, avoir l’esprit toujours ouvert à la discussion ».

Il se produisit en ce moment une oscillation dans le bonnet de la vieille dame, et l’on put comprendre qu’elle ajoutait intérieurement :

« Je voudrais bien voir si jamais une discussion me fera changer d’opinion.

— Eh bien, maman, reprit cet excellent fils toujours animé de dispositions conciliantes, rien n’est préférable à une discussion libre.

— Je n’espère pas grand’chose de celle-ci, mon cher enfant, fit la vieille dame évidemment décidée à ne faire aucune concession.

— Bien ! dit le chanoine, je disais donc que M. Neville, dans cette malheureuse circonstance, avait agi sous l’influence d’une provocation.

— Et sous l’influence du vin chaud, ajouta la vieille dame.

— J’admets aussi l’influence du vin… tout en pensant que les deux jeunes gens étaient à deux de jeu sous ce rapport.

— Et moi, je ne le crois pas, dit la vieille dame.

— Pourquoi cela, maman ?

— Parce que je ne le crois pas. Cependant j’accepte la discussion comme toujours.

— Mais, ma chère maman, je ne vois pas bien comment nous pourrons discuter si tu ne sors point de là.

— Que ton blâme, Septimus, retombe sur M. Neville et non pas sur moi ! dit la vieille dame avec une imposante sévérité.

— Chère maman, pourquoi sur M. Neville ?

— Eh ! dit Mme Crisparkle, revenant encore une fois à son point de départ, parce qu’il est rentré ivre à la maison au risque de compromettre cette demeure, et sans respect pour la famille qui l’habite.