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LE MYSTÈRE
D’ EDWIN  DROOD


CHAPITRE I

L’Aube


La tour d’une vieille cathédrale anglaise !

Comment cette tour se trouvait-elle là ?…

C’était pourtant bien elle, carrée, massive, énorme…

Qu’est-ce que cette longue tige de fer qui en sort ?…

Peut-être aura-t-elle été plantée là, par ordre du sultan, pour empaler une bande de voleurs turcs…

C’est ici l’Orient ; les cymbales résonnent, le sultan en grand cortège se rend à son palais ; dix mille cimeterres brillent au soleil, trente mille danseuses s’en vont derrière, décrivant des figures brillantes et jonchant la route de fleurs, puis viennent les éléphants blancs, richement caparaçonnés, et la foule des esclaves…

Cependant la cathédrale se dresse toujours à l’arrière-plan…

Quant à la tige de fer, elle s’élance toute nue…

Point de voleur enfilé à cet horrible pal…

L’étrange flèche d’église !

On dirait plutôt une immense tringle rouillée faite pour supporter les rideaux d’un lit gigantesque…

L’homme qui avait cette vision était en effet couché sur un lit.