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en toutes choses. Ce jeune gentleman est-il attendu prochainement ici ?

— Il est parti seulement ce matin. Il reviendra aux fêtes de Noël.

— C’est pour le mieux. À son retour, aux fêtes de Noël, vous arrangerez tout avec lui ; puis, vous m’écrirez alors, je m’acquitterai… oh ! simplement pour régulariser les affaires… de mes engagements envers la dame accomplie qui est là près de la croisée. J’aurai cette fois une plus forte somme à lui remettre. »

Puis après avoir effacé, d’un coup de crayon, le mot Désirs, M. Grewgious ajouta.

« Mon mémorandum porte le mot Congé. Oui, maintenant, ma chère, je dois prendre congé.

— Oserai-je, dit Rosa, dès qu’il eut quitté son siège par un de ces mouvements saccadés et disgracieux qui lui étaient ordinaires, oserai-je vous demander d’avoir l’extrême bonté de venir me voir aux fêtes de Noël, pour le cas où j’aurais alors quelque chose de particulier à vous communiquer ?

— Mais certainement… certainement, répliqua-t-il, en apparence très-flatté par cette prière, si toutefois le mot en apparence peut être employé en parlant d’un homme dont la physionomie impassible ne s’éclairait pas plus qu’elle ne s’assombrissait jamais. En ma qualité d’homme anguleux, je ne conviens guère à la société ; je n’ai d’autre engagement pour les fêtes de Noël que celui de partager, le 25, une dinde bouillie, à la sauce au céleri, avec un clerc aussi bizarre que moi-même que j’ai l’avantage de posséder dans mon étude. Son père, fermier dans le comté de Norfolk, m’envoie la dinde en question à titre de présent, d’un petit pays des environs de Norwich. Je serais très-fier si vous aviez alors le désir de me voir, ma chère. Ma qualité professionnelle de receveur de rentes, fait que si peu de personnes ont le désir de me voir, que cette nouveauté me paraîtrait avoir du charme. »

Pour le remercier de sa complaisance, la reconnaissante Rosa posa les mains sur ses épaules, se dressa sur la pointe de ses pieds, et l’embrassa.

« Bénédiction du ciel ! s’écria M. Grewgious, Merci, ma