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pour les préparatifs de votre mariage. Maintenant, tout est dit.

— Voudriez-vous bien m’apprendre, fit observer Rosa en prenant la copie du testament, mais sans l’ouvrir, si je suis dans le vrai quand j’apprécie ma situation de la façon que je vais vous dire, monsieur Grewgious. Je comprends bien mieux vos explications que tout ce que je lis dans les actes judiciaires. Mon pauvre papa et le père d’Eddy ont fait leurs arrangements ensemble, comme deux amis bons et sûrs, afin que nous aussi nous restions après eux de bons et sûrs amis…

— Parfaitement.

— … Dans notre intérêt à tous deux et pour nous assurer un bonheur durable…

— Parfaitement.

— … Pour que nous soyons l’un pour l’autre ce qu’ils ont été eux-mêmes ensemble, et plus encore…

— Parfaitement.

— Il n’est stipulé ni contre Eddy, ni contre moi, aucune pénalité dans le cas où…

— Ne vous agitez pas ainsi… Au cas qui amène des larmes dans vos yeux, à la seule idée que vous vous en faites, au cas enfin où vous ne vous marieriez pas ensemble, il n’y a aucune pénalité stipulée dans les deux testaments ni contre l’un, ni contre l’autre. Vous resteriez alors sous ma tutelle jusqu’à votre majorité. Rien de pis ne vous arriverait. Le mal serait assez grand sans doute !

— Et Eddy ?

— Il recueillerait la part d’associé à laquelle il a droit du chef de son père, avec les arrérages qui peuvent exister à son crédit, et cela à sa majorité ; les choses ne seraient point changées. »

Rosa, le visage soucieux et les sourcils froncés, mordait le coin de la copie du testament ; puis elle baissa la tête, fixa les yeux sur le parquet, que son petit pied frappait légèrement.

« En résumé, dit M. Grewgious, ce mariage est un désir, un projet amicalement conçu et tendrement exprimé des deux parts. Qu’il ait été formé très-sérieusement, avec le vif espoir qu’il se réaliserait un jour, cela ne fait