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— Vous êtes trop bon. Rosa, ma chère, vous n’éprouverez aucune contrainte à cause de ma présence, j’en suis sûre. »

M. Grewgious, demeuré avec Rosa auprès du feu, lui dit encore :

« Comment allez-vous, ma chère ?… Enchanté de vous voir, ma chère. »

Et après avoir attendu qu’elle se fût assise, il s’assit à son tour.

« Mes visites, dit M. Grewgious, sont comme celles des anges… non pas que je me compare à un ange.

— Non, monsieur, dit Rosa.

— Non, bien certainement, confirma M. Grewgious ; je veux simplement dire que mes visites sont rares et se produisent à de longs intervalles. Les anges, nous le savons très-bien, sont au-dessus de nous. »

Mlle Twinkleton regarda autour d’elle avec une certaine fixité dans le regard.

« Je fais allusion, ma chère, dit M. Grewgious en posant sa main sur celle de Rosa, pour bien montrer qu’il s’adressait à elle (car l’idée lui était venue qu’autrement il allait se rendre suspect de prendre l’effroyable liberté d’appeler Mlle Twinkleton ma chère), je fais allusion aux autres jeunes demoiselles. »

M. Grewgious, qui avait conscience de n’avoir pas entamé l’entretien avec toute la netteté désirable, se frotta la tête de la nuque au front, comme un homme qui vient de faire un plongeon et qui s’éponge.

Ce geste, d’ailleurs tout à fait inutile, rentrait dans ses habitudes.

Il prit ensuite un agenda et un crayon de mine de plomb dans la poche de son gilet.

« J’ai rédigé, dit-il en tournant des feuilles, un mémorandum pour aider ma pauvre mémoire. C’est ma coutume à cause de mon peu de facilité pour la conversation. Avec votre permission, ma chère, je le consulterai… En bonne santé et heureuse… C’est cela. Vous êtes en bonne santé. C’est cela. Vous êtes en bonne santé et heureuse, ma chère ? Vous en avez l’air du moins.

— En effet, monsieur, répondit Rosa.