Page:Dickens - Le Mystère d'Edwin Drood, 1880.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meurtrière de M. Neville contre Edwin Drood parvint-il dans l’établissement de Mlle Twinkleton avant le déjeuner ?

C’est chose impossible à dire.

Avait-il été apporté par les oiseaux voltigeant dans l’air ou bien s’était-il introduit avec l’air lui-même lorsqu’on avait ouvert les croisées ?

Le boulanger l’avait-il pétri dans son pain ou le laitier insinué dans son lait, comme un élément de falsification ; les servantes, en battant la poussière de leurs paillassons contre la porte, l’avaient-elles reçu en échange de cette poussière dans les effluves qui venaient de la ville ?

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il se répandit dans toute la maison avant que Mlle Twinkleton ne descendît de sa chambre, avant même que le fait lui eût été communiqué par Mme Tisher, tandis qu’elle s’habillait, ou pour se servir de la phrase que Mlle Twinkleton eût employée elle-même en parlant, à un père ou à un tuteur enclin aux idées mythologiques, avant qu’elle n’eût sacrifié aux Grâces.

Le frère de Mlle Landless avait jeté une bouteille à la tête de M. Edwin Drood.

Le frère de Mlle Landless avait lancé un couteau contre M. Edwin Drood.

Le couteau devait amener la fourchette.

Le frère de Mlle Landless avait jeté une fourchette aux yeux de M. Edwin Drood.

De même que dans le cas fameux de Peter Piper, accusé d’avoir pris un pot de piment mariné, on voulut, avant tout, avoir la preuve de l’existence de ce pot ; de même, dans le cas présent, il parut important d’établir si le frère de Mlle Landless avait jeté une bouteille, ou un couteau, ou une fourchette… ou une bouteille, et un couteau, et une fourchette.

La cuisinière avait donné à entendre que ces trois choses avaient été successivement lancées à M. Edwin Drood.

Et l’on racontait que le frère de Mlle Landless avait témoigné qu’il admirait fort Mlle Bud ; que M. Edwin Drood avait alors répliqué que le frère de Mlle Landless