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M. Crisparkle rentra chez lui, tenant à la main le chapeau qui avait acquis si imperceptiblement le droit d’être accroché dans son vestibule ; il y accrocha ce chapeau, et tout pensif, il alla se mettre au lit.



CHAPITRE IX

Les Oiseaux dans le bocage


Rosa n’ayant plus au monde aucun parent qu’elle connût, n’avait pas eu, depuis l’âge de sept ans, d’autre demeure que la Maison des Nonnes, d’autre mère que Mlle Twinkleton.

Le seul souvenir qu’elle conservât de sa mère était celui d’une jolie petite créature qui lui ressemblait, et qui ne devait pas être beaucoup plus âgée qu’elle, lorsqu’un jour son père l’avait rapportée noyée, morte entre ses bras.

Ce fatal accident était arrivé dans une partie de plaisir.

Les moindres détails de la jolie toilette d’été de sa pauvre mère, ses longs cheveux mouillés auxquels adhéraient encore des pétales de fleurs effeuillées, ce corps inanimé étendu sur le lit dans sa triste beauté, tout cela était resté gravé d’une manière ineffaçable dans le souvenir de Rosa.

Il en était de même du désespoir farouche de son pauvre jeune père, qui était mort de douleur au premier anniversaire de ce cruel événement.

Les fiançailles de Rosa avaient été la conséquence des consolations que lui avait prodiguées, pendant cette fatale année, son ami et ancien camarade de collège, Drood, comme lui resté veuf à la fleur de l’âge.

Mais M. Drood, lui aussi, suivit la route silencieuse où aboutit, tôt ou tard, notre pèlerinage sur cette terre, et