Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
GRILLON DU FOYER.

— Oh ! mon Dieu, John ! dit mistress Peerybingle. Dans quel état vous êtes avec ce mauvais temps !

Il était vraiment dans un état pitoyable. L’épais brouillard avait déposé sur ses cils un chapelet de gouttes d’eau congelées ; et ses favoris imprégnés d’humidité brillaient à la clarté du foyer des couleurs de l’arc-en-ciel.

— En effet, Dot, répondit John lentement, en déroulant le fichu qui lui entourait le cou et en se chauffant les mains, ce n’est pas un temps d’été. Il n’y a rien d’étonnant que je sois ainsi fait.

— Je ne voudrais pas m’entendre appeler Dot, John. Je n’aime pas ce nom. Et la moue de Mistress Peerybingle semblait dire qu’elle l’aimait beaucoup.

— Qu’êtes-vous donc ? répondit John en la regardant de son haut avec un sourire, et en l’étreignant avec autant de délicatesse que pouvaient le faire sa large main et son robuste bras.

Ce brave John était si lourd mais si doux, si grossier à la surface et si sensible au fond du cœur, si massif en dehors, mais si vif au dedans ; si borné, mais si bon ! Ô mère Nature, donne à tes enfants cette poésie de cœur qui se cachait dans le sein de ce pauvre voiturier, ce n’était qu’un voiturier, et quoiqu’ils parlent en prose, quoiqu’ils vivent en prose, nous te remercions de nous faire vivre dans leur compagnie.

On aurait eu plaisir à voir Dot avec sa petite figure