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GRILLON DU FOYER

davantage, John, jusqu’à ce que vous ayez entendu toutes les paroles que j’ai à dire. J’ai eu tort d’avoir un secret pour vous, John, j’en suis très fâchée. Je ne croyais pas qu’il y eût du mal, jusqu’au moment où j’étais assise auprès de vous sur l’escabeau, la nuit dernière ; mais lorsque j’eus vu par ce qui était écrit sur votre visage que vous m’aviez vue me promener dans la galerie avec Édouard, et que j’eus compris ce que vous pensiez, je sentis que c’était une étourderie coupable. Mais, cher John, comment est-il possible que vous ayez eu une telle pensée ?

La petite femme se mit encore à sangloter. John Peerybingle voulut la serrer dans ses bras, mais elle ne le lui permit pas.

— Ne m’aimez pas encore, John, je vous en prie. Pas de longtemps. Lorsque j’étais triste à cause du mariage proposé, mon cher, c’était parce que je me souvenais que May et Édouard s’aimaient, et que je savais que le cœur de May était bien loin de Tackleton. Vous croyez cela maintenant, John, n’est-ce pas ?

John allait faire un autre mouvement vers elle pour lui répondre, mais elle l’arrêta encore.

— Non, restez-là, John, je vous en prie. Lorsque je ris de vous, comme je le fais quelquefois, lorsque je vous appelle lourdaud, ou ma chère vieille oie, ou de quelque autre nom de cette espèce, c’est parce que je vous aime ainsi, et que je ne voudrais pas vous voir changé en rien autre, pas même en roi.