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GRILLON DU FOYER

— Constant envers elle, dit Édouard, je revenais plein d’espérance, après bien des épreuves et des périls, pour tenir ma promesse en exécution de notre vieux contrat, lorsque, à vingt milles d’ici, j’apprends qu’elle m’a manqué de parole, qu’elle m’a oublié, et qu’elle s’est unie à un homme plus riche que moi. Je n’avais pas l’intention de lui faire des reproches, mais je désirais la voir, et m’assurer que cela était vrai. J’espérais qu’elle y aurait été forcée contre son propre désir et malgré ses souvenirs. Ç’aurait été pour moi un faible soulagement, mais c’en aurait été un, je crois, et je vins ici. Pour connaître la vérité, la vérité vraie, observée librement par moi-même, juger par moi-même, sans intermédiaire de personne, sans user d’influence sur elle, ― si j’en avais encore, ― je me déguisai, vous savez comment, et je l’attendis sur la route, vous savez où. Vous n’aviez aucun soupçon sur moi, elle n’en avait pas non plus, ― montrant Dot, ― jusqu’à ce que, lui ayant dit un mot à l’oreille, près du feu, elle faillit me trahir.

— Mais lorsqu’elle sut qu’Édouard était vivant et qu’il revenait, dit Dot en sanglotant, parlant pour elle-même, comme elle avait brûlé jusque là de le faire, et lorsqu’elle eut connu son dessein, elle lui conseilla par tous les moyens de garder son secret ; car son vieil ami John Peerybingle était d’une nature trop dénuée d’artifice, trop lourd en général, pour le garder pour lui, continua Dot, moitié riant, moitié sanglotant. Et lorsqu’elle… c’est-à-dire moi, John, dit en pleurant