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GRILLON DU FOYER.

Grillon, et quoique aveugle, elle sentit que l’apparition se penchait vers son père.

— Dot, dit la jeune fille aveugle, dites-moi ce qu’est ma maison : ce qu’elle est en réalité.

— C’est un pauvre lieu, Berthe, bien pauvre et bien nu. L’hiver prochain elle ne pourra guère garantir du vent et de la pluie. Elle est mal préservée du mauvais temps, Berthe. Et Dot ajouta en baissant la voix, mais distinctement ; comme votre pauvre père avec son habit de toile.

La fille aveugle, fort agitée, se leva et tira un peu à part la femme du voiturier.

— Ces présents dont j’ai pris tant de soins, qui me venaient presque à souhait, et que je recevais avec tant de joie, dit-elle en tremblant, d’où venaient-ils ? Est-ce vous qui les envoyiez ?

— Non.

— Qui donc ?

Dot vit qu’elle le savait déjà et garda le silence. La fille aveugle se couvrit encore le visage de ses mains, mais maintenant d’une autre manière.

— Chère Dot, un moment ! Un moment ! ne quittons pas ce sujet. Parlez-moi doucement. Vous êtes sincère, je le suis. Vous ne voudriez pas me tromper, n’est-ce pas ?

— Non, vraiment, Berthe !

— Non, je suis sûre que vous ne voudriez pas. Vous