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GRILLON DU FOYER.

à cause de moi, est revenue. Dans un malheureux moment, surprise, et n’ayant pas le temps de réfléchir à ce qu’elle faisait, elle s’est faite la complice de sa trahison en la cachant. Elle l’a vue la nuit dernière, dans l’entrevue dont nous avons été témoins. C’est un tort. Mais sauf cela, elle est innocente, si la vérité existe sur la terre.

— Si c’est votre opinion, commença Tackleton…

— Qu’elle s’en aille donc, poursuivit le voiturier, qu’elle s’en aille avec ma bénédiction pour tant d’heures de bonheur qu’elle m’a données, et avec mon pardon pour le chagrin qu’elle a pu me causer. Qu’elle s’en aille, et qu’elle jouisse de la paix de l’âme que je lui souhaite. Elle ne me haïra jamais. Elle apprendra à mieux m’aimer, lorsque je ne serai plus un fardeau pour elle, et qu’elle portera plus légèrement la chaîne que j’ai rivée pour elle. C’est aujourd’hui l’anniversaire du jour où je l’emmenai de sa maison, si peu pour son agrément. Elle y retournera aujourd’hui et je ne la troublerai plus. Son père et sa mère seront ici aujourd’hui ― nous avions fait un projet pour passer ensemble cette journée ― et ils l’emmèneront chez eux. Je puis la confier là ou ailleurs. Elle me quitte sans mériter de blâme, et elle vivra de même, j’en suis sûr. Si je meurs, ― et je peux mourir pendant qu’elle sera encore jeune ; j’ai tant perdu de courage : en quelques heures ! ― elle trouvera que je me suis souvenu d’elle et que je l’ai aimée jusqu’à la fin. Voilà, la fin de ce que vous m’avez montré. Maintenant c’est fini.