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Blandois l’attend, Blandois, son petit chou, son bien-aimé. Ouvrez la porte, belle madame Flintwinch, et, en attendant, laissez-moi monter en haut pour présenter mes compliments… les hommages de Blandois… à madame ! Madame vit toujours ? C’est bien. Ouvrez-moi alors ! »

À la grande surprise d’Arthur, Mme Jérémie, lui faisant de grands yeux, comme pour le prévenir qu’il ne devait pas se mêler de cette visite, décrocha la chaîne et ouvrit la porte. L’inconnu, sans plus de cérémonie, entra dans l’antichambre, laissant Arthur libre de le suivre en non.

« Dépêchez ! Allons, vivement ! Amenez-moi mon Flintwinch ! Annoncez-moi à madame, s’écria l’étranger arpentant bruyamment les dalles du vestibule.

— Affery, dit tout haut et d’un ton sévère Arthur, dont les yeux indignés toisaient l’étranger des pieds à la tête ; qu’est-ce que c’est donc que ce monsieur-là ?

— Affery, répéta l’inconnu à son tour ; qu’est-ce… ha ! ha ! ha ! qu’est-ce que c’est donc que ce monsieur-là ? »

La voix de Mme Clennam se fit entendre d’en haut d’une façon tort opportune.

« Affery, disait la malade, laissez-les monter tous les deux. Arthur, venez me trouver tout de suite !

— Arthur ! s’écria Blandois ôtant son chapeau qu’il tint à bras tendu pendant qu’il ramenait ses deux jambes écartées en lui faisant un profond salut. Le fils de madame ? Je suis le très-dévoué serviteur du fils de madame. »

Arthur le regarda de nouveau d’une façon tout aussi peu flatteuse que la première fois, et, tournant sur ses talons sans répondre à son salut, monta l’escalier. L’inconnu le suivit. Mme Jérémie prit le passe-partout accroché derrière la porte, et vite alla chercher son époux.

Un spectateur qui aurait assisté à la première visite de M. Blandois, aurait remarqué une certaine différence dans la façon dont Mme Clennam le reçut cette fois. Le visage de la paralytique était incapable de la trahir, elle exerçait toujours le même empire sur ses manières impassibles et sa voix calme. Le changement consistait seulement dans son obstination à tenir les yeux fixés sur Blandois depuis le moment où il était entré dans la chambre. Deux ou trois fois aussi, lorsque le visiteur devint turbulent, elle se pencha un peu en avant dans son fauteuil, où elle se tenait tout droit, appuyée sur ses mains qui ne quittaient pas le fauteuil, comme pour lui donner l’assurance qu’elle l’écouterait tout à l’heure aussi longuement qu’il pourrait le désirer. Arthur ne manqua pas de remarquer ces gestes, bien qu’il ne fût pas à même d’apprécier la différence qui existait entre la façon dont Mme Clennam recevait alors Blandois, et la façon dont elle l’avait accueilli lors de sa première visite.

« Madame, dit Blandois, faites-moi l’honneur de me présenter à