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allusion, quelque bizarre qu’elle fût, à leurs relations d’autrefois. Finching ?

— Finching, oh ! oui, n’est-ce pas que c’est un nom affreux ? mais, comme disait M. Finching, quand il m’a offert sa main jusqu’à sept fois, et qu’il a généreusement accepté après tout de me faire, pendant douze mois, ce qu’il appelait une cour d’essai, il ne fallait pas lui en vouloir de son nom ; ce n’était pas sa faute, excellent homme ! par exemple, il ne vous ressemblait pas du tout, mais c’est égal, c’était un excellent homme. »

Flora fut enfin obligée de s’arrêter un instant pour reprendre haleine. Rien qu’un instant, car elle retrouva sa respiration, le temps de porter à son œil un tout petit coin de son mouchoir, comme un tribut offert aux mânes de feu M. Finching ; puis elle recommença sur nouveaux frais.

« Personne, assurément, ne pourrait vous reprocher, Arthur… monsieur Clennam… la froideur amicale que vous montrez envers moi. Les circonstances ont tellement changé qu’il serait même bien difficile qu’il en fût autrement ; du moins c’est mon avis ; vous savez cela mieux que moi, mais je ne puis oublier qu’il fut un temps où les choses étaient bien différentes !

— Ma chère madame Finching, commença Arthur, touché de nouveau par l’intonation cordiale qui faisait vibrer la voix de Flora.

— Oh ! ne me donnez pas cet horrible nom ; dites Flora !

— Flora ! Je vous assure, Flora, que je suis heureux de vous revoir et de reconnaître que, pas plus que moi, vous n’avez oublié les vieux rêves que nous donnait notre folle imagination, dans l’ardeur de notre jeunesse et de nos illusions.

— On ne s’en douterait pas, dit Flora d’un ton boudeur, à voir comme vous prenez les choses tranquillement ; mais je sais bien que vous avez dû être désenchanté en me voyant ; je présume que les dames chinoises, les mandarins, est-ce ainsi que vous les nommez ? en sont cause, ou peut-être en suis-je cause moi-même, c’est au moins aussi probable.

— Non, non, supplia Clennam, ne dites point cela !

— Oh, il le faut bien, vous savez, répondit Flora d’un ton convaincu, ce serait sottise à moi de ne pas le dire ; je sais bien que vous ne vous attendiez pas à me trouver si changée : je ne peux pas me faire d’illusion là-dessus. »

Au milieu de son bavardage incessant, il faut lui rendre cette justice, qu’elle avait fait cette découverte avec la perspicacité d’une femme plus intelligente. Cependant, la façon inconséquente et profondément déraisonnable dont elle cherchait à rattacher à leur première entrevue des relations de jeunesse depuis longtemps abandonnées, donnait à Clennam une sorte de vertige.

« Un mot encore seulement, poursuivit Flora, donnant à la conversation, sans avertissement préalable et au grand effroi de Clennam, le ton d’une querelle d’amoureux, une simple explication que je vous dois : lorsque votre maman est venue faire une scène à