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presser ? Il n’y a pas urgence, que diable ! Vous n’avez pas envie de mourir ?

— Monsieur Bintrey, — dit Wilding, — ce n’est ni vous ni moi qui connaissons le moment où je dois mourir et je serais aise d’avoir soulagé mon esprit de ce pénible sujet.

— Comme il vous plaira, — dit Bintrey, — je redeviens homme de loi. Si un rendez-vous, dans une semaine, à pareil jour, peut convenir à Monsieur Vendale, je l’inscrirai sur mon carnet.

Le rendez-vous fut pris et l’on n’y manqua point. Le testament, signé selon les formes, cacheté, déposé, attesté par les témoins, resta aux mains de Bintrey. Celui-ci le classa en son ordre dans un de ces coffrets de fer scellés et portant sur une plaque le nom du testateur, qui étaient cérémonieusement rangés dans son cabinet de consultations, comme si ce sanctuaire de la légalité avait été en même temps un caveau funéraire. Quant à Wilding, l’esprit un peu rasséréné, et reprenant courage, il se mit à ses occupations habituelles.

Son premier soin fut de réaliser l’installation patriarcale qu’il avait rêvée ; il fut aidé dans cette besogne par Madame Goldstraw et par Vendale. Le concours de celui-ci n’était peut-être pas aussi désintéressé qu’il en avait l’air. Le jeune homme pensait que lorsque la maison serait en ordre on pourrait donner à dîner à Obenreizer et à sa nièce.

Ce grand jour arriva, Madame Dor fut comprise dans l’invitation adressée à toute la famille Obenreizer. Si Vendale était amoureux auparavant, ce dîner mit le