Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque autre chose du passé ?… Avez-vous été mêlée à quelque autre incident qu’on ne m’a point fait connaître ? Je me souviens que ma mère m’a parlé d’une autre personne de la maison, envers qui elle avait contracté une dette éternelle de reconnaissance. Lorsqu’elle s’était séparée de moi à ma naissance, une gardienne avait eu l’humanité de lui apprendre le nom qu’on m’avait donné. Cette gardienne, c’était vous.

— Que Dieu me pardonne ! — répéta Madame Goldstraw, — c’était moi.

— Que Dieu vous pardonne ! — répéta Wilding épouvanté. — Et qu’avez-vous donc fait de mal en cette occasion ?… Expliquez-vous, Madame Goldstraw.

— Je crois, — dit la femme de charge, — que nous ferions mieux d’en revenir à mes devoirs dans votre maison. Excusez-moi si je vous rappelle au sujet de notre entretien, monsieur. Vous déjeunez donc à huit heures ?… N’avez-vous pas l’habitude de faire un lunch ?…

— Un lunch ! — fit Wilding.

Cette terrible rougeur qui avait si fort effrayé, la veille, Bintrey, l’homme de loi, reparut sur le visage du jeune négociant. Wilding porta la main à sa tête. Visiblement il cherchait à remettre un peu d’ordre dans ses pensées avant que de reprendre la parole.

— Vous me cachez quelque chose, — dit-il brusquement à Madame Goldstraw.

— Je vous en prie, monsieur, faites-moi la grâce de me dire si vous prenez un lunch ? — repartit la femme de charge.

— Je ne vous ferai point cette grâce, je ne revien-