Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

former sans résistance. Vous me comprendrez certainement. Vous me voyez esclave des ordres que je reçois, et je ne peux assez vous dire combien j’aurais été heureux, en cette occasion, d’accepter vos services…

— N’en parlons plus, — dit Obenreizer. — À votre place, je n’agirais pas différemment. Je ne suis donc point du tout offensé de votre conduite, et je vous remercie pour le compliment que vous me faites… Bah ! nous serons au moins compagnons de voyage. Vous partez avec moi aujourd’hui même.

— Aujourd’hui. Mais il faut, cela va sans dire, que je voie Marguerite.

— Assurément. Voyez-la ce soir. Vous me prendrez au passage et nous nous rendrons ensemble au chemin de fer. Nous partirons à huit heures par le train poste.

— Par le train poste, — dit Vendale.

Il était plus tard que Vendale ne le croyait, lorsqu’il arriva à la maison de Soho Square. Les affaires suscitées par ce départ précipité avaient surgi devant lui par douzaines. Toutes sortes d’obligations qu’il ne pouvait négliger le forcèrent de se résigner à cette cruelle perte d’un temps si court et si précieux qu’il voulait consacrer à Marguerite. À sa grande surprise et à son extrême joie, elle était seule dans le salon lorsqu’il entra.

— Nous n’avons que peu d’instants à nous, George — dit-elle, — mais grâce à la bonté de Madame Dor nous pouvons au moins les passer tous deux seuls ensemble.