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manda de faire un bon feu. L’homme obéit avec un empressement funeste ; il fit quelques pas en avant, et tandis qu’il enlevait le seau plein de charbon, il se prit un pied dans un pli de tapis. Il trébucha, tout le contenu du seau tomba dans la grille, la flamme en fut étouffée tout net et un énorme flot de fumée jaunâtre remplit la chambre.

— Imbécile ! — murmura Obenreizer en lançant sur le malheureux portier un regard, dont, après tant d’années, celui-ci se souvient encore.

— Voulez-vous venir dans le bureau des commis ? — demanda Vendale. — Il y a un poêle.

— Ce n’est pas la peine.

Et il tendait la main. Et sa main tremblait.

Vendale lui donna le reçu. L’intérêt qu’Obenreizer paraissait prendre à cette affaire sembla s’éteindre aussi subitement que le feu même, dès qu’il fut le maître de ce papier. Il ne fit qu’y jeter un coup d’œil.

— Non, — dit-il, — je n’y comprends rien. Désolé de ne pouvoir vous éclairer.

— J’écrirai donc à Neufchâtel par le courrier de ce soir, — dit Vendale, en mettant le reçu de côté pour la seconde fois, — il nous faut attendre et voir ce qui arrivera.

— Par le courrier de ce soir, — répéta Obenreizer. — Voyons ! vous aurez la réponse dans huit ou neuf jours. Je serai de retour auparavant. Si je puis vous être utile comme voyageur de commerce, vous me le ferez savoir. En ce cas, vous m’enverriez des instructions écrites. Mes meilleurs remerciements… Je suis très curieux de connaître la réponse de Defresnier.