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DEUXIÈME PARTIE

GENS DE MÊME FARINE



I

PÉDAGOGIE


L’école où Charles Hexam avait pris ses premières leçons de lecture (pour les élèves de ce degré la rue est un établissement préparatoire, où s’instruisent, sans livre, ceux même qui plus tard sauront lire), cette école était un misérable bouge, au fond d’une cour dégoûtante. Un galetas encombré, un air épais et nauséabond, un bruit assourdissant. La moitié des élèves plongés dans la torpeur, les autres luttant contre le sommeil, et ne se maintenant éveillés que par un bourdonnement analogue à celui d’une cornemuse dont on jouerait faux et sans mesure.

D’excellentes intentions chez les instituteurs, mais aucune idée du fait ; et, pour résultat de leurs efforts, une confusion déplorable.

L’école était mixte et recevait les adultes. Chacun des sexes avait une classe séparée, où les différents âges, divisés par des cloisons, formaient des groupes assortis. Mais il régnait partout la supposition ridicule et grimaçante que chaque élève, en dépit des années, avait l’esprit enfantin et d’une parfaite candeur. Cette feinte supposition, vivement encouragée par les dames patronnesses, conduisait à des absurdités monstrueuses. De jeunes femmes, vieillies dans tous les vices, devaient se laisser captiver par les aventures de la petite Margery, dont le cottage était situé près d’un moulin, et qui, à peine âgée de cinq ans, mori-