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solicitor se rapportaient à la découverte du criminel et à des reliquats de compte pour l’achat de la maison. Une foule de choses, qui autrefois seraient allées chez Lightwood, étaient maintenant expédiées par le secrétaire, et d’une façon beaucoup plus rapide et plus satisfaisante que si elles fussent tombées entre les mains du jeune Blight. Le boueur doré le comprenait parfaitement et trouvait inutile de contrarier son secrétaire. L’affaire du crime avait elle-même beaucoup perdu de son importance. Depuis que la mort d’Hexam lui avait enlevé le bénéfice de ses sueurs, l’honnête homme refusait de mouiller son front à ce pénible travail, qu’entre gens de loi, on appelle s’ouvrir un mur pour aller déposer. La lueur que Riderhood avait projetée sur la cause s’était donc évanouie. Mais les cendres que l’on avait remuées à cette occasion avaient fait penser qu’avant de replonger l’affaire dans l’ombre, il convenait d’interroger de nouveau mister Julius Handford. La trace de celui-ci était perdue, et mister Lightwood demandait à mister Boffin l’autorisation de faire annoncer les recherches dont Julius Handford était l’objet.

— Eh bien ! Rokesmith, vous déplairait-il d’écrire à Lightwood ?

— Non, monsieur ; en aucune façon.

— Dans ce cas, adressez-lui un mot pour lui dire qu’il peut faire tout ce qu’il voudra : je ne crois pas que cela aboutisse à grand’chose.

— Moi non plus, dit le secrétaire.

— C’est égal ; il peut essayer.

— Je vais lui écrire immédiatement, et je vous remercie, monsieur, de la bonté avec laquelle vous cédez à ma répugnance. Cela vous paraîtra peu sensé ; mais bien que je ne connaisse pas mister Lightwood, il me rappelle un souvenir désagréable ; ce n’est pas sa faute, je l’avoue en toute franchise ; que pourrais-je lui reprocher, il ne sait même pas mon nom. »

Mister Boffin termina l’affaire d’un signe de tête. La lettre fut écrite, et, le lendemain, parut l’annonce qui réclamait Julius Handford. Ce dernier était requis de se mettre en communication avec Mister Lightwood, comme pouvant éclairer la justice. Une récompense était offerte à celui qui ferait connaître son adresse ou qui aiderait à le découvrir. Les renseignements devaient être donnés au dit Lightwood, en son cabinet situé dans le Temple. Cette réclame parut chaque jour en tête des journaux pendant six semaines, et chaque fois le secrétaire se dit en lui-même : « Je ne crois pas que cela ait aucun résultat. »

Au nombre des occupations de Rokesmith, parmi celles qui l’intéressaient le plus, était la découverte du petit garçon que cherchait Missis Boffin. Dès le premier jour Rokesmith avait