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CONTRAT DE MARIAGE


Grande émotion chez les Vénéering ! La jeune fille très-mûre est sur le point de se marier, poudre de riz et le reste, avec le jeune homme également très-mûr que nous avons déjà vu. C’est de la maison Vénéering qu’on partira pour l’église, et ce sont les Vénéering qui donneront le déjeuner. Le valet chimiste, qui, par principe, désapprouve tout ce qui se passe dans la maison, blâme nécessairement ce mariage. Mais on ne lui a pas demandé son consentement ; et une tapissière décharge à la porte son contenu de plantes rares pour que la fête du lendemain puisse être couronnée de fleurs. La jeune fille est très-riche, la jeune homme également ; il place des fonds, va dans la Cité, suit les réunions d’actionnaires, et a des rapports personnels avec les dividendes.

Il est avéré des sages de cette génération que le trafic des dividendes est la seule chose avec laquelle on ait affaire. N’ayez ni antécédents, ni savoir, ni éducation, ni esprit, ni figure, mais ayez des dividendes. Ayez-en assez pour être inscrits en lettres capitales sur les registres de la compagnie. Flottez sur des affaires mystérieuses entre Paris et Londres, et vous serez un grand homme.

« D’où vient-il ?

— Dividendes.

— Où va-t-il ?

— Dividendes.

— Quels sont ses goûts ?

— Dividendes.

— A-t-il des principes ?

— Dividendes.

— Qu’est-ce qui l’a poussé au parlement ?

— Dividendes. »

Peut-être, par lui-même, n’a-t-il eu aucun succès, n’a-t-il réussi en quoi que ce soit ; peut-être n’a-t-il rien commencé, rien achevé, rien produit. Mais dividendes, dividendes ! Ô tout-puissants dividendes ! Placez-les bien haut ces images flam-