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qu’autrefois. Elle est toujours pour moi le même idéal de perfection qu’avant le jour où j’ai fait la connaissance de Walters. Quand Mme Toots et moi nous avons commencé à parler de…, bref, du sentiment tendre, vous savez, capitaine Gills…

— Oui, mon garçon, dit le capitaine ; le sentiment qui fait le pivot… de l’humanité… Vous n’avez qu’à ouvrir la Bible.

— Je n’y manquerai pas, capitaine Gills, dit M. Toots avec feu. Quand nous avons abordé ce sujet, je lui ai dit, vous savez que j’étais ce que l’on peut appeler une fleur flétrie. »

Le capitaine approuve chaudement cette comparaison, et murmure tout bas qu’il n’y a pas de fleur pareille à la rose.

« Mais grâce à Dieu, poursuit M. Toots, elle connaissait l’état de mon cœur aussi bien que moi-même. Je n’avais rien à lui apprendre. C’était bien la seule personne qui pût se placer entre moi et le silence de la tombe, et elle l’a fait d’une façon qui m’a causé une admiration éternelle. Elle sait qu’il n’y a personne au monde que je vénère comme miss Dombey. Elle sait qu’il n’y a rien au monde que je ne voulusse faire pour miss Dombey. Elle sait que je la regarde comme la plus belle, la plus aimable, la plus angélique créature de son sexe. Qu’a-t-elle répondu à cela ? Des choses du sens le plus exquis. « Mon cher, vous avez raison. Je pense absolument comme vous, » m’a-t-elle dit.

— Et moi aussi, dit le capitaine.

— Et moi aussi, dit Sol Gills.

— Et puis, continua M. Toots après être resté en contemplation devant les tourbillons de fumée de sa pipe avec une expression de bonheur réfléchi, quelle femme de bon sens que ma femme ! Quel esprit ! quelle intelligence ! L’autre soir nous étions tous les deux côte à côte dans toute la joie du bonheur conjugal, et c’est, je vous le jure, une expression bien faible pour peindre ce que j’éprouve dans sa compagnie ; nous étions, dis-je, en tête à tête, quand elle me fit remarquer tout ce qu’il y avait de merveilleux dans la position présente de notre ami Walters. Le voilà délivré, me dit ma femme, de ses voyages sur mer, après cette longue traversée qu’il a faite avec sa jeune femme… vous savez monsieur Sol ?

— Oui, oui, c’est bien vrai, dit l’opticien en se frottant les mains.

— Le voilà donc, dit ma femme, affranchi désormais de tous ces ennuis. Chargé par la même maison d’un poste de confiance des plus honorables : le voilà qui s’en rend digne ;