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de dégradation, mais si mon ami Dombey avait besoin de changer d’air et qu’il voulût prendre là ses quartiers, c’est un endroit on ne peut plus sain, ce qui n’est pas dommage, car il est diablement triste. Si mon ami Dombey se sent faible, et qu’il veuille bien me permettre de lui recommander une chose qui m’a fait le plus grand bien, à moi qui ai été un assez drôle de corps quelquefois, et qui ai vécu dans la plus grande liberté, du temps où l’on vivait libre, je lui conseillerai, de fait, de battre un jaune d’œuf avec du sucre et de la muscade dans un verre de xérès et de prendre le mélange le matin avec une rôtie. Jackson, qui tient la salle de boxe dans Bond-Street, homme de qualités supérieures et que mon ami Gay doit connaître de réputation, avait l’habitude de dire que pour donner du ton aux boxeurs, on substituait le rhum au xérès. Je recommanderai le xérès dans cette circonstance parce que mon ami Dombey est si faible, que cela permettrait au rhum de lui monter… de fait, de lui monter à la tête, et pourrait le mettre dans un diable d’état. »

Le cousin Feenix débita tout cela d’un air évidemment inquiet et agité. Puis il donna le bras à Florence en cherchant à retenir ses jambes qui s’entêtaient à aller dans le jardin. L’ayant conduite à la porte, il lui offrit la main pour l’aider à monter dans la voiture qui l’attendait.

Walter y monta après lui et ils partirent tous trois.

Ils firent environ six ou huit milles. Quand ils entrèrent dans une suite de rues tristes et sombres à l’ouest de Londres, il faisait presque nuit. Florence, pendant ce temps, avait mis sa main dans celle de Walter, et elle regardait avec un trouble, une agitation croissante, chaque nouvelle rue dans laquelle ils entraient.

Quand la voiture s’arrêta enfin devant la maison de Brook-Street, où s’était célébré le malheureux mariage de son père, « Walter, dit Florence, où sommes-nous ? Qui est-ce qui habite ici ? »

Comme Walter la rassurait sans répondre à ses questions, elle regarda la façade de la maison et vit que toutes les fenêtres en étaient fermées, comme si elle n’était pas habitée. Pendant ce temps, le cousin Feenix était descendu et lui offrait sa main.

« Ne venez-vous pas, Walter ?

— Non, je reste ici. N’ayez pas peur, ma chère amie, il n’y a rien à craindre.