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cause, et fut heureux de trouver la table pour se retenir après.

Florence se rappela alors le cousin Feenix qu’elle n’avait pas d’abord reconnu dans l’ombre projetée par les arbres. Le cousin Feenix lui prit la main et la félicita de son mariage.

« J’aurais vraiment désiré, dit le cousin Feenix en s’asseyant, quand Florence eut pris un siège, me présenter ici plus tôt pour vous offrir mes félicitations. Mais, de fait, il est arrivé tant d’événements malheureux à la queue loup loup, comme on dit, que j’ai été dans un état diablement triste, et qu’il m’a été tout à fait impossible de voir personne. Je n’ai eu d’autre société que la mienne ; et, ce qui n’est pas très-flatteur pour un homme qui a de l’amour-propre, c’est que, de fait, je me suis ennuyé à la mort. »

Florence devina, d’après la contrainte et la gêne qu’elle remarquait dans les manières du cousin Feenix, qui, en dépit de ses petits ridicules, étaient toujours celles d’un vrai gentleman, et aussi dans la contenance de Walter, elle devina que ce n’était pas là tout ce qu’il avait à dire.

« Je disais à mon ami, M. Gay, si je puis avoir l’honneur de le nommer ainsi, dit le cousin Feenix, que je suis enchanté d’apprendre que mon ami Dombey est en voie parfaite de guérison. J’ai la confiance que mon ami Dombey ne se laissera pas abattre par une simple perte d’argent. Je ne puis pas dire que j’aie jamais éprouvé par moi-même de grande perte d’argent, n’ayant jamais eu, de fait, de somme considérable à perdre. Mais j’ai perdu tout ce que je pouvais perdre, et je ne vois pas que j’en aie éprouvé grand’peine. Je connais mon ami Dombey pour un homme diablement honorable, et ce doit être une grande consolation pour lui de savoir que c’est là l’opinion de tout le monde. Il n’y a pas jusqu’à Tommy Screwzer, tout bilieux qu’il est (mon ami Gay le connaît sans doute), qui ne souffle pas un mot là-contre. »

Florence pressentait de plus en plus qu’il allait en venir à quelque chose, et elle attendit avec anxiété ; avec tant d’anxiété même, que le cousin Feenix se hâta de répondre comme si elle lui en avait fait la question.

« De fait, mon ami Gay et moi nous avons discuté ensemble si je ne pourrais pas vous demander une faveur. J’ai obtenu de mon ami Gay, qui m’a reçu d’une façon on ne peut plus gracieuse et bienveillante, ce dont je lui suis très-reconnaissant, j’ai obtenu, dis-je, de solliciter auprès de vous cette